Qui Je Suis

En quelques mots...

- Je suis née à Brest dans le Finistère, le 21 septembre 1974 à 10h20. Ce jour-là, mon grand-père paternel, en Mayenne, écrivait à la marge dans son almanach : nuit très fraîche mais les derniers haricots ont tenu. Henri a appelé : naissance Marie-Aude.

- À Brest, je n'ai vécu que deux ans. Ensuite, nous avons déménagé à Toulon où j'ai passé toute mon enfance et mon adolescence.

- Après des études à Aix et à Toulouse, j'ai commencé ma vie professionnelle en étant journaliste à Radio-France, puis rédactrice dans la publicité. À presque cinquante ans, j'ai décidé de changer de vie pour me sentir enfin utile, aux autres et à moi-même : je suis devenue biographe.

Je vis à Correns, en Provence Verte. J'exerce dans tout le département du Var et en visio-conférence partout ailleurs.  


En plus de mots...

Difficile de parler de soi quand ce que l’on aime, avant tout, c’est écouter les autres.

Pour raconter mon parcours, pour vous dire qui je suis, je partirai de deux moments importants de ma vie. Le premier a lieu quand j'ai vingt-trois ans, le second à l’approche de la cinquantaine.

À vingt-trois ans, je suis sur une petite plage de Toulon avec mon amie de toujours, Bérengère. Elle est, et a toujours été, d’un naturel très déterminé. Il me semble que même à trois ans, lorsque nous nous rencontrions au jardin d’enfants, elle savait déjà précisément ce qu’elle voulait faire plus tard. Bérengère est ma sœur amie, ma formidable opposée. Là, nous sommes toutes les deux sur cette jolie crique. Septembre s’achève bientôt. Dans quelques jours, je retournerai sur les bancs de la fac. Certains cours me passionnent, d’autres nettement moins. Les diplômes s'empilent et je n’ai toujours aucune idée du métier que je veux exercer.

Au soleil, entre deux baignades, je lui confie mes errements, mes angoisses. Bérengère me pose cette question toute simple qui change tout : « Qu’est-ce qui te plaît, par-dessus tout, dans la vie ? » Je lui réponds assez vite : « Écrire et écouter les gens.
– Et si tu devenais journaliste ?
– Ah oui, tiens. Je n’y avais jamais pensé. »

Alors journaliste je serai. Mais j’en reviendrai. Quand on doit réaliser trois ou quatre reportages dans la même journée, on ne peut écouter réellement les gens. On doit faire vite, toujours plus vite, et on attend d’eux, sans leur avouer, qu’ils aillent à l’essentiel, qu’ils soient efficaces, de "bons clients". Puis on file ailleurs, aussi rapidement qu'on est arrivé.

Je quitte le métier de journaliste après cinq années, ou est-ce lui qui me quitte, je ne sais plus. J'en ressors essorée. S'ensuit une assez rude traversée du désert, durant laquelle j'accompagne et soutiens mon père gravement malade, puis je le perds, ce qui n'aide pas vraiment… Je sortirai la tête de l'eau grâce à un autre ami, Pascal.

Grâce à lui, je deviens rédactrice dans la publicité.

Le monde de la pub ne m'attire pas, mais il a le mérite, à ce moment précis de ma vie, de me remettre dans la vie justement. De mettre fin à la traversée du désert, même si je sais, au fond de moi, que ce ne sera pas - que ce ne pourra pas être - la destination finale.

Toute la journée, j'écris. J'écris pour convaincre, pour inciter des personnes inconnues à acheter des produits que moi-même je n'achèterais jamais. Mes mots, finement choisis, sont calculés. Ils manipulent. Ils ont des arrière-pensées. Est-ce cela écrire ? Non, bien sûr que non. Et est-ce cela que je trouve essentiel, presque vital, dans l'acte d'écrire ? Non plus. Pourtant, je tente d'y trouver mon compte, car le mien, de compte, celui qui se trouve à la banque, se porte bien. J'ai deux enfants à nourrir et à vêtir. Je pense ne pas avoir le choix. Je tiens le coup…

… Et puis je craque. Ce qui m'amène à parler du second moment important de ma vie.

Octobre 2023 : dans moins d'un an, j'aurai cinquante ans.

Je me souviens que, dans ma tête, je me dis quelque chose comme : « Ce métier n'a pas de sens. Il est même à l'opposé de ce qui m'anime profondément, de mes valeurs. La plupart du temps, j'ai honte de moi, de ce que j'écris. Et ma gentillesse ? Dans ce monde-là, elle est synonyme de faiblesse. Au mieux elle est moquée, au pire elle est utilisée. »

Je me rappelle la nuit blanche où tout bascule. Je pense à mon père décédé : « Est-ce cela qu'il aurait voulu pour moi ? Un métier dont j'ai honte et où mon empathie est considérée comme une déficience ? » Non, bien sûr que non. La décision s'impose. Lui, mon père, saluait mes talents d'écriture, mais il était aussi très fier de mon sens des autres, de mon sens de l'écoute, de ma sensibilité. Il voulait surtout que ma vie professionnelle ait un sens, que je trouve ma place, un endroit fait pour moi.

Le lendemain matin, sitôt levée, j'envoie des mails : je plaque tout. 

J'aime écrire, j'aime les gens, j'aime les écouter. Et j'aime, au-delà de tout, qu'ils se sachent réellement écoutés. Je caresse l'espoir de restaurer ainsi, en partie, leur estime personnelle, leur dignité. J'y vois une manière - peut-être la seule qui me soit accessible - d'apporter ma maigre contribution à l'amélioration d'un monde où peu de personnes se sentent considérées, où seules portent les voix puissantes, les voix des plus forts, qui n'ont pourtant pas grand chose à dire de vrai.

Pour toutes ces raisons, je deviens biographe familiale.

Dans ma reconversion, je suis accompagnée par un passeur hors pair : Patrick, écrivain public et biographe à Digne. Je le contacte via une amie commune. Il me reçoit chez lui. Il me parle de la richesse humaine du métier. Il me conseille, répond à toutes mes questions, devance même la plupart d'entre elles : il m'offre tout ce qu'il sait. Je suis éblouie par sa générosité. Il m'ouvre les portes d'un univers professionnel où la concurrence n'existe pas, où l'on s'entraide, où l'on ne garde jamais pour soi ses "petits secrets". Un monde, aussi, où nos clients deviennent nos amis, nos alliés.

À la fin de cette première rencontre, qui devait durer une heure et qui s'étalera finalement sur toute une journée, je rentre chez moi, heureuse et régénérée. Oui, je suis biographe familiale. Je sais que ma place est ici.

Enfin, je l'ai trouvée.


« Garde intacte ta faiblesse. Ne cherche pas à acquérir des forces, de celles surtout qui ne sont pas pour toi, qui ne te sont pas destinées, dont la nature te préservait, te préparant à autre chose. »

Henri Michaux, écrivain, poète et peintre (1899 - 1955)

Marie-Aude Parent

Biographe familiale dans le Var